Poignée de mains symbolisant un partenariat stratégique en capital-investissement avec arrière-plan abstrait de graphiques financiers.

Publié le 15 mai 2025

Envisager l’entrée d’un fonds de capital-investissement au capital de votre PME est une décision stratégique majeure. Il ne s’agit pas de chercher un financement de dernier recours, mais de s’adjoindre un partenaire dont le métier est d’accélérer la croissance et de créer de la valeur. Cette démarche vous propulse dans une nouvelle dimension, mais elle impose un niveau d’exigence, de transparence et de performance sans commune mesure avec la gestion d’une entreprise familiale ou indépendante. L’objectif de ce partenariat n’est pas simplement de financer un plan de développement ; il est de transformer l’entreprise pour atteindre un objectif commun et prédéfini : une sortie lucrative à moyen terme.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est crucial de comprendre que le capital-investissement n’est qu’une des nombreuses options de financement pour la croissance. Des alternatives comme le venture debt, le crowdfunding ou encore les obligations convertibles existent, chacune avec ses propres mécanismes et contraintes. Cependant, le capital-investissement se distingue par l’implication profonde de l’investisseur dans la gouvernance et la stratégie de l’entreprise. Cet article est conçu pour vous, dirigeant-repreneur ambitieux, afin de vous donner les clés de lecture d’un fonds. Nous allons décortiquer notre mode de pensée, nos critères de sélection et nos méthodes de travail pour que vous puissiez déterminer si ce partenariat est véritablement aligné avec votre vision et votre projet.

Pour ceux qui préfèrent une approche visuelle, cette vidéo offre une synthèse complète des points essentiels que nous allons aborder, notamment sur les méthodes d’évaluation en private equity.

Cet article est structuré pour vous guider pas à pas dans l’univers du capital-investissement. Voici les points clés que nous allons explorer en détail pour vous préparer à cette collaboration exigeante et potentiellement transformatrice.

Sommaire : Les clés pour transformer votre PME avec le capital-investissement

Le projet de votre PME est-il réellement calibré pour un fonds d’investissement ?

La première réalité à intégrer est notre sélectivité. Nous analysons des centaines de dossiers chaque année, et la vérité est que la majorité ne correspond pas à nos critères. Il ne s’agit pas d’un jugement de valeur sur l’entreprise, mais d’une adéquation avec notre modèle économique. Notre performance se mesure par le Taux de Rentabilité Interne (TRI) que nous générons pour nos propres investisseurs. Pour atteindre nos objectifs, typiquement un multiple de 2,5x à 3x notre mise en 5 à 7 ans, nous avons besoin d’un projet de croissance exceptionnel. Une croissance régulière de 5% par an, bien que saine, est insuffisante.

Nous cherchons des entreprises avec un potentiel de changement d’échelle radical, que ce soit par l’internationalisation, une stratégie de croissance externe agressive ou l’exploitation d’une innovation de rupture. Le critère qui prime sur tous les autres est la liquidité de la sortie. Dès le premier rendez-vous, nous nous posons une question : « À qui pourrons-nous revendre cette entreprise dans 5 ans et à quel prix ? ». Le scénario de sortie peut être une cession à un industriel, à un autre fonds d’investissement (LBO secondaire) ou, plus rarement pour les PME, une introduction en bourse. Un projet, même rentable, mais sans perspective de sortie claire et crédible est, pour nous, ininvestissable. En effet, un rapport récent montre que seuls moins de 10% des projets d’entreprise font l’objet d’un investissement par fonds en 2024.

Votre business plan doit donc être bâti « à l’envers », en partant d’une valorisation de sortie ambitieuse mais réaliste, et en déclinant ensuite les étapes et les moyens nécessaires pour l’atteindre. C’est cette vision stratégique, chiffrée et orientée vers la création de valeur finale, qui retiendra notre attention.

C’est pourquoi, avant même de nous contacter, vous devez avoir une réponse solide à cette question. Comme le résume Maxime Durand, analyste en capital-investissement, « La capacité à préparer une sortie claire et ambitieuse est un facteur déterminant pour attirer les fonds d’investissement. »

Comprendre le LBO : un levier pour acquérir votre entreprise avec un fonds

Le Leveraged Buy-Out (LBO) est l’un des montages les plus courants en capital-transmission. Pour un dirigeant-repreneur, c’est un outil puissant pour prendre le contrôle d’une entreprise en mobilisant une mise de fonds personnelle limitée. Le principe est simple : nous créons une société holding, que vous et le fonds contrôlez, qui va s’endetter pour acquérir la société cible (votre PME). La dette bancaire, dite « dette senior », est ensuite remboursée par les dividendes versés par la société rachetée, grâce à sa propre rentabilité.

L’attrait principal de ce montage est l’effet de levier financier. La dette augmente considérablement le retour sur investissement pour les actionnaires de la holding. En tant que partenaire, notre rôle est multiple. Nous apportons une partie des fonds propres nécessaires, nous structurons la dette auprès des banques grâce à notre crédibilité et notre expérience, et nous participons activement à la stratégie post-acquisition pour accélérer le désendettement et la création de valeur. Pour que le montage fonctionne, l’entreprise cible doit présenter des caractéristiques précises : une rentabilité solide et récurrente, des flux de trésorerie prévisibles, un faible besoin en investissements et un management de qualité, prêt à s’engager à nos côtés.

Étude de cas : la réussite d’un LBO accompagné par un fonds

Une société industrielle a réussi à reprendre son autonomie grâce à un LBO structuré en 2024. Le succès de l’opération a reposé sur trois piliers : une évaluation précise des actifs de l’entreprise, une projection financière rigoureuse démontrant la capacité à rembourser la dette, et un partenariat actif avec le fonds d’investissement pour optimiser les opérations et maximiser le retour sur investissement final.

C’est un engagement mutuel : vous investissez à nos côtés (le « management package ») et votre réussite financière est directement liée à la performance de l’entreprise. Le LBO n’est pas une simple opération financière, c’est un projet d’entreprise sur plusieurs années. Comme le souligne le cabinet Avocats Picovschi, « L’intérêt principal d’un LBO réside dans l’optimisation des investissements réalisés grâce à un endettement maîtrisé et une forte implication du management. »

Votre capacité à piloter l’entreprise dans ce cadre, avec une discipline financière stricte, est donc une condition essentielle au succès de l’opération.

Capital-développement vs capital-transmission : quelle solution pour votre stratégie ?

Le terme « capital-investissement » recouvre différentes réalités. En tant que dirigeant d’une PME établie, deux types d’opérations vous concernent principalement : le capital-développement (Cap-Dev) et le capital-transmission (LBO, OBO, etc.). Votre choix dépendra fondamentalement de la structure de votre actionnariat et de votre projet. Le capital-développement est une opération minoritaire. Vous ouvrez votre capital à un fonds pour financer un projet de croissance ambitieux : lancement d’un nouveau produit, expansion internationale, construction d’une usine. L’actionnaire historique reste majoritaire et garde le contrôle de l’entreprise. C’est une injection de capitaux et de compétences pour passer un cap.

À l’inverse, le capital-transmission est une opération majoritaire qui organise un changement de contrôle. C’est le cas typique lorsque vous, manager, souhaitez racheter l’entreprise à son fondateur ou à un groupe. Le fonds devient alors l’actionnaire majoritaire à vos côtés. Ces deux approches impliquent des niveaux d’implication et des dynamiques de gouvernance très différents. Il est donc primordial de bien définir votre besoin avant de solliciter des investisseurs.

Le tableau suivant synthétise les différences clés entre ces deux stratégies pour vous aider à positionner votre projet.

Comparaison entre capital-développement et capital-transmission
Caractéristique Capital-développement Capital-transmission
Objectif Accompagner la croissance organique ou externe Faciliter la cession ou la reprise d’entreprise
Stade de l’entreprise Entreprise en développement Entreprise mature ou à céder
Montant investi Modéré à élevé Élevé
Durée d’investissement Moyen terme (3-7 ans) Souvent à moyen/long terme

Le choix n’est pas anodin : il structure l’intégralité de la relation future et les attentes de chacun. Une erreur d’aiguillage à cette étape peut mener à des incompréhensions et des blocages stratégiques plus tard. Une analyse honnête de vos ambitions et de votre volonté (ou non) de partager le pouvoir est un prérequis indispensable.

Prenez le temps de la réflexion pour aligner la structure financière avec votre vision entrepreneuriale à long terme.

La collaboration au quotidien : comment piloter l’entreprise avec un fonds à vos côtés ?

Une fois l’opération conclue, notre collaboration entre dans sa phase opérationnelle. Oubliez la solitude du dirigeant. Vous avez désormais un partenaire exigeant et impliqué, représenté au sein de votre conseil d’administration ou conseil de surveillance. Notre rôle n’est pas de nous immiscer dans la gestion quotidienne – c’est votre domaine d’expertise. Notre valeur ajoutée réside dans la prise de recul stratégique, l’accès à notre réseau et le partage de bonnes pratiques observées dans nos autres participations.

Cette collaboration s’articule autour d’un outil central : le reporting. Mensuellement, nous attendons un rapport détaillé incluant le compte de résultat, le bilan, le tableau de flux de trésorerie, et une analyse comparative par rapport au budget. Ce n’est pas un exercice de contrôle bureaucratique, mais un outil de pilotage indispensable pour anticiper les difficultés, identifier les opportunités et prendre des décisions éclairées. La transparence est absolue et non négociable. Toute surprise, bonne ou mauvaise, doit être partagée immédiatement. C’est le fondement d’une relation de confiance.

Les conseils d’administration, qui se tiennent généralement tous les trimestres, sont des moments d’échange stratégique. Nous y discutons des performances, validons les décisions d’investissement majeures et challengeons le plan de développement. Considérez-nous comme un sparring-partner de haut niveau, dont l’unique objectif est, comme le vôtre, de maximiser la valeur de l’entreprise.

5 bonnes pratiques pour une collaboration efficace avec votre fonds partenaire

  • Établir des rapports clairs et réguliers avec des indicateurs financiers clés.
  • Organiser des réunions périodiques du conseil d’administration avec la participation active des représentants du fonds.
  • Implanter une culture de transparence et d’échange d’informations.
  • Mettre en place un calendrier de reporting conforme aux exigences du fonds.
  • Solliciter le conseil pour bénéficier de conseils stratégiques et opérationnels.

Une communication fluide et une gouvernance structurée sont les piliers d’une collaboration réussie et créatrice de valeur pour toutes les parties.

Anticiper la sortie du fonds : une stratégie à définir dès le premier jour

Comme nous l’avons évoqué, la perspective de sortie est notre critère d’investissement numéro un. Par conséquent, la préparation de cette étape future commence dès la signature du pacte d’actionnaires. Notre horizon d’investissement est limité dans le temps, généralement de 5 à 7 ans. Passé ce délai, nous devons céder notre participation pour retourner les liquidités à nos propres investisseurs. C’est une contrainte fondamentale de notre métier. Il est donc crucial que le dirigeant partage cette « culture de la sortie » et comprenne que nous construisons ensemble une histoire avec une fin programmée.

Selon un expert en Private Equity d’Alvarez & Marsal, « Adopter une culture de la sortie dès le départ est indispensable pour maximiser le retour sur investissement et assurer une cession réussie. »

Préparer la sortie signifie prendre, tout au long de notre partenariat, des décisions qui rendront l’entreprise plus attractive pour un futur acquéreur. Cela inclut la structuration de l’équipe de management pour réduire la dépendance au dirigeant, la diversification des clients et des fournisseurs, la protection de la propriété intellectuelle et la mise en place de process clairs et documentés. Loin d’être une distraction, cette préparation est un facteur de professionnalisation et de pérennisation de l’entreprise. C’est une discipline qui pousse à l’excellence opérationnelle. En effet, une étude récente révèle que plus de 80% des fonds en capital-investissement préparent la sortie dès la première année.

Environ 18 à 24 mois avant la date de sortie cible, nous lançons formellement le processus en mandatant une banque d’affaires. À ce moment, l’entreprise doit être parfaitement prête pour la phase de due diligence menée par les potentiels acquéreurs. Toute l’énergie investie en amont dans la structuration et le reporting prend alors tout son sens, garantissant un processus fluide et maximisant la valorisation finale.

L’alignement des intérêts entre le management et le fonds sur cet objectif final est le plus grand gage de succès du partenariat.

Fonds d’investissement, Business Angels et VCs : quelles sont les différences fondamentales ?

Il est fréquent de confondre les différents acteurs du financement en capital. Pourtant, nos profils, nos stades d’intervention et nos logiques sont très différents. Les Business Angels (BA) sont des personnes physiques qui investissent leur propre argent, souvent dans des projets en phase d’amorçage. Leur implication est autant financière qu’humaine, via le mentorat. Leurs tickets d’investissement sont plus modestes.

Les fonds de Venture Capital (VC) ou capital-risque, gèrent l’argent de tiers et se concentrent sur les jeunes entreprises innovantes à très fort potentiel de croissance (startups). Ils acceptent un risque élevé en pariant sur le fait qu’une réussite spectaculaire couvrira les pertes des autres investissements de leur portefeuille. Leur intervention se situe après les BA, lors des premières levées de fonds significatives (Série A, B…).

Notre domaine, le capital-investissement (Private Equity), qui inclut le capital-développement et le capital-transmission, s’adresse à des entreprises plus matures, déjà rentables et avec un modèle économique prouvé. Nous ne finançons pas une idée, mais un plan de changement d’échelle d’une entreprise établie. Nos tickets d’investissement sont beaucoup plus élevés, et le risque est davantage lié à l’exécution de la stratégie de croissance ou à la réussite du montage LBO qu’à la survie de l’entreprise elle-même. Les montants typiques montrent une nette différence entre les apports des Business Angels (10k€ à 250k€) et des VCs (250k€ à plusieurs millions), tandis que les fonds de LBO/Cap-Dev opèrent sur des montants encore supérieurs.

Solliciter un fonds de LBO pour un projet en amorçage est aussi vain que de demander à un Business Angel de financer le rachat d’une PME de 50 millions d’euros.

Définir sa stratégie : l’équilibre entre croissance organique et acquisitions

Une fois le partenariat noué, l’une des discussions stratégiques centrales portera sur les leviers de croissance. Il existe deux voies principales : la croissance organique et la croissance externe. La croissance organique consiste à développer l’entreprise par ses propres moyens : augmentation de la force de vente, innovation produit, optimisation des process, expansion géographique. C’est une stratégie qui maîtrise les risques, renforce la culture d’entreprise et est souvent moins coûteuse en capital à court terme. D’ailleurs, une étude montre que 65% des PME privilégient la croissance organique pour sa stabilité.

La croissance externe, par l’acquisition d’autres entreprises, est une stratégie de rupture. Elle permet d’aller beaucoup plus vite pour acquérir de nouvelles parts de marché, intégrer une technologie, s’implanter sur un nouveau territoire ou éliminer un concurrent. C’est un levier de transformation puissant, souvent privilégié par les fonds d’investissement car il permet d’accélérer significativement la création de valeur en vue de la sortie. Une stratégie de « build-up », qui consiste à racheter plusieurs petites entreprises pour former un groupe plus grand et mieux valorisé, est un classique du LBO.

L’arbitrage entre ces deux voies n’est pas binaire. Une stratégie performante combine souvent les deux. La croissance organique assure la solidité des fondations, tandis que des acquisitions ciblées agissent comme des accélérateurs. Notre rôle, en tant que partenaire, est de vous aider à identifier les bonnes cibles, à structurer le financement des acquisitions et à piloter leur intégration, une phase souvent complexe et critique pour le succès de l’opération.

Votre capacité à exceller dans ces deux domaines, avec notre soutien, déterminera la trajectoire de valorisation de votre entreprise.

Les fondamentaux pour préparer et réussir votre levée de fonds

Le processus de levée de fonds auprès d’un partenaire en capital-investissement est un parcours structuré et exigeant qui ne laisse aucune place à l’improvisation. Il s’agit de la phase finale où vous devez nous convaincre de la pertinence de votre projet et de votre capacité à le mener à bien. La qualité de votre préparation est directement proportionnelle à vos chances de succès. Vous devez construire un dossier d’investissement complet, incluant un business plan détaillé sur 5 ans, une analyse stratégique de votre marché, et une présentation claire de votre équipe de management. C’est sur la base de ces documents que nous prendrons notre décision initiale.

Si votre projet retient notre attention, nous entrons dans la phase de due diligence. Nous mandaterons des experts (avocats, auditeurs financiers, consultants stratégiques) pour analyser en profondeur tous les aspects de votre entreprise. Cette étape est intrusive et intense, mais elle est indispensable pour sécuriser l’investissement. La transparence et la réactivité de votre part sont ici essentielles. Le processus se conclut par la négociation de la documentation juridique : pacte d’actionnaires, garantie d’actif et de passif, etc. C’est là que les termes de notre future collaboration sont gravés dans le marbre.

7 étapes clés pour une levée de fonds réussie

  • Préparer un business plan solide et clair.
  • Identifier les investisseurs appropriés selon le stade et le secteur.
  • Réunir une équipe complémentaire et expérimentée.
  • Soigner le pitch pour convaincre rapidement.
  • Être transparent sur les objectifs et les risques.
  • Négocier les termes dans un cadre équilibré.
  • S’appuyer sur un accompagnement juridique et financier expert.

Cette préparation rigoureuse est le socle qui vous permettra de maîtriser les bases d'une levée de fonds et d'aborder le processus avec confiance.

Pour mettre en œuvre cette stratégie et évaluer la pertinence d’un partenariat en capital-investissement, l’étape suivante consiste à réaliser un diagnostic complet de votre entreprise au regard des attentes d’un fonds.

Rédigé par Marc-Antoine Dubois, Marc-Antoine Dubois est un dirigeant de PME chevronné avec 25 ans d’expérience dans le développement et la restructuration d’entreprises industrielles et de services. Il intervient aujourd’hui comme mentor pour des entrepreneurs cherchant à passer un cap de croissance..